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La genèse du projet d'enfouissement

  • Photo du rédacteur: Arielle Bossuyt
    Arielle Bossuyt
  • 18 juin 2018
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 sept. 2018

« Les déchets, ils existent. Ce n'est pas moi qui les ai produits mais il ne vont pas disparaître par enchantement. Il va bien falloir s'en occuper ». Invité dans une émission de France inter, c'est en ces termes que Nicolas Hulot, ancien ministre de la Transition écologique et solidaire, défendait le projet Cigéo, à Bure. Si aujourd'hui, ce futur centre d'enfouissement des déchets radioactifs fait parler de lui, il est le fruit de discussions menées depuis les années 60 au Parlement, lorsque la France s'est véritablement lancée dans la production d'énergie nucléaire et donc de déchets radioactifs.


Dans un tunnel de Cigéo, l'actuel laboratoire et centre de stockage des déchets du nucléaire de haute activité (HA) ou ceux de moyenne activité à vie longue (MA-VL).

MaxPPP/PHOTOPQR/LE PARISIEN


Dans les années 80, le gouvernement français évoque la solution du stockage des déchets nucléaires en couches géologiques profondes. Comme d'autres pays nucléarisés, la France se lance alors à la recherche d'une solution et d'un site adéquat pour accueillir ce futur projet. En 1991, la loi Bataille autorise des recherches pour la gestion des déchets nucléaires qui se déclinent en trois méthodes envisagées : la transmutation des éléments radioactifs, le procédé de conditionnement et d'entreposage (tous les deux gérés par le Commissariat à l'énergie atomique) et enfin le stockage réversible ou irréversible dans les formations géologiques profondes, nécessitant la création de laboratoires souterrains.

En 1992, un appel à candidatures est lancé. Trois sites sont retenus : dans le Gard, dans la Vienne et dans la Meuse. Face à la ferme opposition de la population dans les deux premiers départements, la Meuse est choisie. En 1998, la loi autorise officiellement la construction, à Bure, des laboratoires de recherches de l'Andra (Agence nationale des déchets radioactifs), qui se charge du projet.


Un milliard d'euros versé aux Départements de la Meuse et de la Haute-Marne depuis 2000

Deux ans plus tard, le laboratoire voit le jour et le projet est baptisé Cigéo pour Centre industriel géologique. L'Andra fait son arrivée en Meuse et n'est pas forcément la bienvenue. Pourtant, des sommes considérables sont versées, encore aujourd'hui, pour que la population accepte la nouvelle arrivée. Depuis 2000, 1 milliard d'euros ont été versé aux départements de la Meuse et de la Haute-Marne, soit environ, 35 millions d'euros par an. Les habitants, résidant dans un rayon de 10 km autour du site de l'Andra, bénéficient également d'une compensation : 500 euros par an et par habitant. Une aide bienvenue dans un département où le taux de chômage est grimpé à 14%.




L'Andra organise, en 2005 et en 2013, une quinzaine de réunions publiques afin d'expliquer le projet. Des réunions perturbées par les militants anti-cigéo qui dénoncent un débat déjà clos puisque l'Andra ne souhaite revenir ni sur le calendrier, ni sur le projet en lui-même. D'ailleurs, les militants s'organisent eux aussi. En 2004, des antinucléaires français et allemands fondent le collectif Bure zone libre et achètent, un an plus tard, avec l'aide de l'association Sortir du nucléaire, une grange en ruine, dans le centre du village, qui deviendra plus tard la Maison de la résistance. Aujourd'hui encore, elle est occupée par des opposants de longue date ou de passage.


Début de l'exploitation prévue pour 2035

En 2016, la lutte prend une autre forme. Au mois de juin, l'Andra commence à défricher la forêt pour y construire un mur en béton ce qui ne manque pas de susciter la colère des militants. Cependant, l'Andra est condamnée, en août pour non respect du code forestier. En effet, le bois n'appartenait pas encore à l'agence. C'est à ce moment-là que les opposants ont décidé d'occuper illégalement le bois. Plus tard, en juin 2017, le maire de Mandres-en-Barrois cède une partie du bois Lejuc à l'Andra contre l'avis des habitants qui ont fait une requête auprès du tribunal administratif de Nancy pour faire annuler cette cession. Leur requête a été rejetée et la partie du bois Lejuc qui appartenait à la commune est désormais sous la gestion de l'Andra.

En février dernier, les militants qui occupaient l'autre partie du bois ont été expulsés par 500 gendarmes, en pleine nuit. Depuis, des comités de soutien fleurissent un peu partout en France. En parallèle, l'Andra pourra demander, dès 2019, une autorisation de travaux souterrains pour une exploitation, au plus tard, en 2035. À partir de ce moment, les déchets viendront progressivement et seront accessibles pendant un siècle. En 2135, les portes du centre de stockage se fermeront et les déchets reposeront dans leur tombeau éternel.



Mise en perspective : comment les pays nucléarisés gèrent leurs déchets radioactifs ?




 
 
 

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